Surprenant, le dernier Toofan quoique toujours festif et très dansant comme le sont bien tous les morceaux du groupe, »Goumin Fracas » est une véritable leçon de vie. Une chanson qui fait une part coquette à la morale et appelle les hommes à se mettre en demeure sur leurs attitudes envers les femmes qu’ils prennent la plupart du temps comme un être taillable et corvéable à merci que l’on peut jeter à tout moment comme de vieilles chaussettes trouées. Mal rafistolées par endroits.
Le temps d’une courte pause, et revoilà Toofan, le meilleur groupe musical togolais avec un nouveau titre toujours aussi festif que dansant. Même si une certaine métamorphose s’est glissée dans ce single au titre ironique et évocateur de ‘’ Goumin Fracas’’, les petits-fils nègres d’Apollon, dieu de la musique et musicien des dieux et de Terpsichore, la Muse vive et enjouée de la musique et de la danse dans la mythomogie grecque, ont encore une fois montré tout le talent et le goût de l’excellence qui les caractérisent. Le 31 juillet 2021, Masta Jah et Barabasse, les deux virtuoses du groupe Toofan, lançaient sur Youtube leur nouveau morceau, le Goumin Fracas. Un merveilleux morceau qui révèle un groupe capable de surprendre à tous égards. Un morceau qui frappe d’abord par son message empreint de sagesse, ensuite par sa fracture.
Un groupe qui a révolutionné la musique togolaise
C’est en 2005 que trois amis d’enfance, Masta Just, Barabas et Allone forment le groupe Toofan qui très vite va conquérir le cœur du public togolais en 2006 avec la sortie de son premier album ‘‘Obragada’’. Un style, un genre musical qui brise les codes, transgresse suavement mais d’une manière intelligente et mesurée les règles de l’univers industriel musical. Pari gagné puisque plus de treize années après leur premier album, le groupe aujourd’hui réduit à deux ( Masta jah et Barabas), tient toujours le haut de l’affiche par leur style musical et leurs morceaux. Un genre de musique résolument ancré dans le cœur des mélomanes. Enchaînant les tubes à succès, le groupe est aujourd’hui connu d’un peu partout dans le monde. Partout dans le monde, l’on danse aujourd’hui sur les morceaux de ces deux jeunes togolais issus de quartiers pas forcément huppés de Lomé la capitale du Togo. Deux jeunes pétris de talents qui, en peu de temps, ont fait leur preuve et montré qu’ils sont désormais des références dans la musique du continent. Même des sommités et célébrités les apprécient et esquissent des pas de danse en écoutant leurs morceaux très atypiques.
Goumin Fracas, un morceau farci de leçons de vie
Sur un air toujours festif et dansant, les deux virtuoses de la musique togolaise et par ricochet africain, plongent leur public au cœur du regret d’un homme qui avait délaissé sa partenaire et qui en pâtit par la suite. Un subtil et poignant diagnostic de ce qui se passe dans la société aujourd’hui. Une triste réalité mais présente sous nos yeux comme l’écharde dans la blessure. Celle des femmes maltraitées et abandonnées par les hommes. Des femmes jetées comme de vieilles chaussettes trouées par les hommes après avoir profiter tant de leur corps que de leur amour. Des femmes blessées qui sublimant la douleur, la déchirure se relèvent comme le sphinx encore plus rayonnantes, plus éclatantes et plus subliminales. Goumin Fracas, insidieusement, à mots couverts, est une véritable invite aux hommes à bien traiter la femme. Plus qu’une simple chanson entrainante, dansante et totalement envoûtante, c’est donc une véritable leçon de vie que les deux égéries de la musique togolaise distillent dans la conscience des hommes.
Un morceau à la fracture un peu en berne
Goumin Fracas, quoique génial, est un morceau qui semble quelque peu régressé par rapport à ce que le groupe nous a laissé voir depuis toutes ces années qu’il excelle dans la création ingénieuse de tubes et clips anthologiques. Mais, même si la fracture de la chanson semble régressée de quelques iotas par rapport aux autres de leurs chansons, l’originalité et le génie du groupe quant à eux ont gardé de toutes leurs superbes. Des couleurs gaies, chatoyantes, irrésistiblement agréables à voir. Des chorégraphes au fait de leur art qui vont puiser jusque dans la part la plus profonde d’eux-même l’énergie nécessaire pour nous faire voir une simple mais belle chorégraphie. Des artistes toujours sublimes et inventifs.
Comme l’alchimiste qui transforme la pierre en or, Toofan a su par ce morceau encore une fois, montrer qu’il est un groupe de génie. Et cette légère régression n’est pas leur apanage. Bien avant eux, d’autres grands noms de la musique, de la littérature, de la peinture etc. ont connu cette réalité.