C’est un sommet qui réunit depuis 1973 les chefs d’Etat d’Afrique autour de l’ancienne puissance colonisatrice, la France. Mais cette année, pour la première fois, cette grand- messe des ‘’élèves autour de leur maîtresse’’, se fera sans les chefs d’Etat d’Afrique. Les invités à ce sommet seront plutôt les jeunes d’Afrique et de sa diaspora. Mais si l’on se réfère à cette montée en puissance de cette jeunesse d’Afrique qui n’a de cesse de dénoncer la politique de la France sur le continent, l’on pourra se demander que cache la France derrière ce sommet inédit ?
Le prochain sommet Afrique-France qui se tiendra le 8 octobre 2021 à Montpellier autour d’Emmanuel Macron et d’Achille Mbembe, revêt d’un caractère particulier. Il s’agit d’un sommet ‘‘Nouveau format, nouveaux acteurs, nouvelles thématiques, nouveaux enjeux’’. ‘‘(…) l’objectif de cet évènement est de porter un regard neuf sur la relation entre l’Afrique et la France pour offrir un nouveau cadre de réflexion et d’action aux nouvelles générations.’’ A en croire la diplomatie française. En clair, il s’agira de donner la parole aux jeunes africains entrepreneurs, chercheurs, acteurs monde tant sportif que culturel venus du continent africain dans son ensemble ou issus de sa diaspora de France. Leur permettre de faire part de leurs réflexions sur les relations entre la France et l’Afrique. A croire que la France d’un coup, se souvient enfin qu’il existe des jeunes sur le continent, des jeunes dont les opinions sont importantes. Des jeunes qu’il faut recevoir en un sommet qui depuis 1973, réunit à grand renfort de tapages médiatiques, les présidents africains pour la plupart de la sphère francophone, autour du président français qui, en grand maître, dicte et donne des ordres. Cette soudaine et subite intérêt de la France pour cette jeunesse de plus en plus en opposition avec la politique française en Afrique. Une politique qui donne sein blanc aux dictateurs, violeurs de constitution. Aux dirigeants qui oppriment et affament leur population dont une grande partie de ces jeunes qu’ils aujourd’hui invités à discuter pour ‘‘ porter un regard neuf sur la relation entre l’Afrique et la France pour offrir un nouveau cadre de réflexion et d’action aux nouvelles générations’’. L’idée, si elle séduit par son caractère inédit, laisse sans doute pantois plus d’un africain.
Tactique pour reprendre la main ou diversion ?
Prévu initialement pour se tenir du au juillet 2021, le sommet Afrique-France se déroulera finalement le 8 octobre avec pour participants non des présidents, mais des participants qui ne sont pas »institutionnels ».
Selon le site du gouvernement français (https://www.diplomatie.gouv.fr/fr/dossiers-pays/afrique/nouveau-sommet-afrique-france-reinventer-ensemble-la-relation/) ‘‘ Ce sommet permettra de faire un point d’étape sur les principales priorités’’ par à l’ambition affichée le 28 novembre 2017, à Ouagadougou Emmanuel Macron de ‘‘ renouveler la relation entre la France et le continent africain à travers différents engagements’’. Même si l’intention semble noble, pour nombre de jeunes du continent, ce sommet est juste perçu comme une tentative de la France de reprendre la main sur un continent où elle est visiblement en perte de vitesse. En effet, de plus en plus de jeunes, à l’opposé de ceux des générations passées, dénoncent vertement la politique de la France en Afrique. Surtout son soutien aux dirigeants jugés par ces jeunes de corrompus, d’autocrates, de pilleurs de richesses de leurs pays au détriment des populations qui vivent dans une extrême pauvreté.
Pour beaucoup de jeunes du continent, ce sommet n’est rien d’autre qu’un sommet en trompe-l’œil. Même si encore une fois, ce sommet est présenté par la présidence française comme pour provoquer un ‘‘Déclic dans l’esprit de nos interlocuteurs africains, pour qu’ils comprennent que nous sommes à l’écoute, nous sommes présents. Et déclic dans les méthodes de travail de notre réseau pour être davantage en prise avec ces formes de changement, ces aspirations.’’
Nana B.