Le président turc Recep Tayyip Erdogan entame depuis dimanche 17 octobre 2021, une visite sur le continent africain. Visite qui le conduira tour à tour en Angola, au Nigéria puis au Togo. Une offensive du président turc sur le continent de toutes les richesses est-elle seulement commerciale ou cache-t-elle un volet sécuritaire ?
Les visites du président turc sur le continent africain deviennent de plus en plus récurrentes. A l’issue de la visite entamée ce dimanche 17 octobre, Recep Tayyip Erdogan aura visité trente pays du continent. Un continent qu’il cherche à arrimer à son pays à travers le sommet Turquie-Afrique qui sera à sa troisième édition dans deux mois soit en décembre prochain. Le partenariat de la Turquie avec le continent africain est ‘‘ stratégique’’ selon lui. Cette relation envisagée au départ sous un angle purement commercial, qui consiste à fournir à l’Afrique des produits « moins cher que les produits européens et de meilleure qualité que les chinois » a tôt fait de voir sa sphère d’action élargie au champ sécuritaire. Comme en témoigne la présence à cette tournée de la forte et importante délégation du Savunma Sanayii Baskanlıgı, agence pilotant l’industrie militaire turque. Selon Dorothée Schmid, la responsable du programme Moyen-Orient à l’Institut français des relations internationales (IFRI) « La Turquie affiche aujourd’hui une vraie politique de puissance complète où le soft power installé par le commerce, la culture islamique et les ONG est couplé au hard power avec la vente d’armements ».
L’Afrique un continent moulin ?
L’Afrique cela est bien connue, est un continent riche qui aiguise l’appétit des grandes puissances occidentales et depuis peu de la Chine qui lorgne activement sur ses immenses potentialités et ressources naturelles. Avec l’arrivée de la Turquie qui au-delà du discours commercial policé tenu au départ, tend à établir une dimension militaire dans sa politique étrangère vers le continent. En Somalie, la Turquie a installé une base militaire. Elle ne cache pas sa volonté d’installer d’autres bases militaires dans d’autres pays du continent. Selon Jean Marcou, titulaire de la chaire Méditerranée-Moyen Orient à Sciences Po Grenoble, « La Turquie, au départ, s’est surtout souciée de booster ses échanges alors que, depuis quelques années, on voit poindre aussi une dimension militaire dans la politique étrangère de la Turquie, puisque la Turquie a une base en Somalie. Elle parle aussi de développer des bases militaires dans d’autres pays d’Afrique. Puis au-delà même d’accords formels de défense, la Turquie, depuis plusieurs années, est devenue un producteur et un exportateur important d’armes, et notamment l’une des armes qui désormais intéresse beaucoup des acquéreurs potentiels, ce sont les drones. Donc, il est probable qu’on parlera d’exportation d’armes et en particulier, de l’exportation de ces drones qui, à l’heure actuelle, font l’objet de beaucoup d’attention de la part d’un certain nombre d’acquéreurs potentiels, en particulier en Afrique ».
Après les occidentaux, les Chinois, c’est au tour de la Turquie de chercher à fourguer ses armes en Afrique et d’y installer des bases militaires. L’Afrique serait-elle donc un moulin où entre et sort qui veut comme il veut ? Jusqu’à quand restera-t-elle ce continent à la merci des autres ?