Échiquier d’une guerre froide où les deux plus grandes puissances économiques avancent leurs pièces, l’Afrique suit toujours avec intérêt, l’élection américaine. Elle pourtant vite mise aux oubliettes sous l’administration Trump. N’empêche. Elle apprécie donc le changement de locataire à la Maison Blanche. Mais, quels impacts l’arrivée de ce nouveau président aura-t-elle sur son économie, et son développement dans ce contexte de crise sanitaire ?
Échiquier d’une guerre froide
Continent de toutes les richesses, l’Afrique a de tous temps attisé la convoitise et attiré les grandes puissances économiques. Avec un immense marché qui ne cesse de grandir pour nombres de raisons, elle est un continent d’avenir. Cela la place donc au cœur des préoccupations des grandes puissances pour lesquelles elle est devenue le champ de bataille. Deux d’entre elles se livrent particulièrement à une implacable compétition commerciale pour avoir une mainmise sur son marché et ses ressources. Il s’agit de la Chine et des Etats-Unis. Ce dernier semble depuis l’arrivée de l’actuel président sortant, en perte de vitesse sur le continent.
En effet, avec l’arrivée de Donald Trump, l’Afrique est vite mise aux oubliettes. Elle est pour ainsi dire en marge de la politique extérieure américaine. Certes elle n’est pas totalement absente à Washington. Mais, elle n’y est souvent présente qu’au travers des frasques, des bouderies théâtrales, des diabribles de Trump contre elle. Par exemple, le budget fédéral 2017-2018 avait supprimé 650 millions de dollars de contributions aux banques de développement multinationales.
Mais qu’on ne s’y trompe pas. L’indifférence de l’administration du président sortant à l’égard de l’Afrique qualifiée par le président de « pays de merde », ne l’a pas pour autant extraite de l’influence de certaines décisions politiques prises par le gouvernement. De même que le scrutin du 3 novembre qui aura des impacts sur le continent.
Impact des élections américaines sur l’Afrique
Objet de fantasmes économiques et commerciaux, elle est plus que jamais au centre de cette guerre froide économique entre la Chine et les États-Unis. Chacune de ces puissances économiques qui mène la marche en tête, veut y installer sa domination et son hégémonie. Une telle position fait que les décisions politiques des ces puissances impactent donc le continent.
L’Afrique devrait-elle s’inquiéter d’une réelection Trump ?
Sous Donald, les relations commerciales entre les deux continents n’étaient pas au beau fixe. Sa réélection n’aura pas changé grande chose pour le continent. Par exemple, citons le retrait des États-Unis des accords de Paris sur le climat. En novembre 2019, il fait sortir son pays de ces accords. Sa reconduite à la Maison Blanche, aurait consacré la sortie définitive de son pays de l’Accord de Paris sur le climat, engagée en novembre 2019. Ce qui aurait eu de graves conséquences pour la planète. Or en l’Afrique, la menace du réchauffement climatique est bien réelle. Le lame duck (canard boiteux nom donné au président sortant aux États-Unis) de la Maison Blanche n’a accordé que peu de place au continent durant son mandat.
D’ailleurs, il n’y a jamais mis les pieds. Devenant ainsi le président américain à ne l’avoir pas visité pendant son mandat depuis les vingt dernières années. Et, les africains et le monde entier ont encore dans les mémoires, ses dégradantes déclarations sur le continent. Sous son mandat, les échanges commerciaux déjà chancelants ont drastiquement chuté. La coopération sécuritaire a elle aussi pris un coup. L’isolationnisme de l’adversaire de Joe Biden a contribué au désengagement américain sur le continent africain. Avec pour corollaires de graves répercussions sur la politique commerciale et celle de l’aide au développement.
Biden : nouveau président, nouvelles relations ?
Dans ses propos de campagne, le candidat démocrate Joe Biden avait promis de revenir dans l’Accord climatique de Paris. Son élection redonnera sans doute un souffle nouveau à l’économie africaine. Joe Biden maintenant élu, bon nombre d’entreprises tireront parti du rétablissement de l’accord de Paris sur le climat dont il fait une place de choix dans son projet au Green New Deal. Ceci aura d’heureuses incidences sur l’économie. En effet selon la Banque Africaine de Développement (BAD) à « l’heure actuelle, l’adoption d’un mode de développement vert induira probablement une rentabilité économique accrue, un accès plus abordable à l’énergie, une hausse des emplois, une réduction de la pauvreté et moins de pénurie des biens publics, une baisse des dépenses de santé.»
Dans la situation actuelle, certains fondamentaux de la politique africaine de l’Amérique ne changeront pas pour autant. Mais dans bien des domaines, l’Afrique pourra espérer être reconsidérée et être soutenue. Les aides américaines aux projets privés, aux petites et moyennes entreprises ainsi que les aides directes au développement, apporteront un souffle nouveau à l’économie du continent.
L’AGOA, projet agricole qui permet aux africains d’exporter certaines de leurs productions vers les Etats-Unis, pourra se voir revigoré ( Trump n’avait-il pas menacé le Rwanda de le retirer de l’AGOA si celui-ci interdisait les friperies américaines ?)
Uu nouveau soleil pour l’Afrique ?
Avec Biden président, un soleil nouveau s’élèvera sans doute pour l’Afrique. L’adversaire de Joe Biden n’est guère dans la logique d’aider l’Afrique comme l’avait insidieusement dit Bill Gate « Nous sommes déçus qu’il ne comprenne pas à quel point aider les pays africains à devenir émergents et stables est une obligation morale autant que stratégique. Il voudrait que l’aide américaine soit coupée, mais grâce au Congrès, les États-Unis restent les plus grands donateurs. Notre travail est de nous assurer que cet argent a le plus d’impact possible.»
Certes, ces élections américaines ne changeront pas d’un coup de baguette magique la situation du continent africain. Dans tous les cas, que ce soit Trump ou Biden qui l’emportait, l’Afrique ne serait pas catapulté au rang de puissance économique. Mais, de deux maux, il faut choisir le moindre. Et pour l’Afrique, Joe Biden, est le moindre mal. Elle est donc bien heureuse de dire à l’actuel locataire de la Maison Blanche : ‘ Bye bye Dony Dony. Go to reign in hell. Hoping never see you again. »