Phénomène très répandu dans les milieux universitaires mais aussi scolaires, la corruption sexuelle touche beaucoup de pays en Afrique. Et plombe malheureusement les efforts de développement de l’éducation sur le continent. Une éducation que cet acte illégal ironiquement appelé Notes sexuellement transmissibles dévoie. Puisque un enseignant oblige son élève à coucher avec lui contre de bonnes notes que son travail ne mérite pas.
Au Madagascar, le phénomène semble standardisé et visiblement accepté selon Mialisoa Randrianamampianina, rédactrice en chef de Malina, un réseau de journalistes d’investigation “ la corruption sexuelle, c’est devenu monnaie courante. Au cours de nos recherches, nous avons constaté que les parents d’élèves, les étudiants et les enseignants eux-mêmes sont conscients de l’existence de la corruption sexuelle dans les universités et les écoles. C’est presque devenu un incontournable pour les étudiants qui veulent terminer leurs études scolaires ou universitaires.‘’ Il est présent dans presque tous les pays du continent. Etudiante en médecine au Sénégal, Imane Raji dit n’avoir jamais été victime de cette corruption sexuelle. Mais, elle reconnaît que le phénomène est bien présent et réel au Maroc, son pays d’origine.
Conséquences dramatiques pour les victimes et le pays
Comme toute forme de corruption, le phénomène des » Notes sexuellement transmissibles » nom ironiquement donné à ce harcèlement en milieu éducatif dans plusieurs pays d’Afrique, a des conséquences drastiques tant pour les victimes que pour le pays. Parmi ces conséquences, le décrochage scolaire, la déscolarisation, la formation au rabais, le dévoiement de l’éducation. Mais aussi un handicap à long terme du développement économique et social. Mais, parmi les conséquences, une semble plus dramatique. Il s’agit des grossesses précoces avec son corollaire d’abandon de l’école.
Selon un rapport du Fonds des Nations Unies pour la population, il y avait 1971 grossesses précoces recensées en milieu scolaire au Sénégal durant trois années scolaires. Il s’agit des années scolaires 2010-2011; 2012-2013 et 2013-2014. Et, selon la sénégalaise Penda Diouf, présidente nationale du Comité de lutte contre les violences faites aux femmes ’‘ les auteurs des grossesses en milieu scolaire sont le plus souvent les enseignants et dans une moindre mesure, les camarades des victimes’’
Une protection tacite des auteurs
Certes au Sénégal, une loi existe. Mais, dans nombre de pays du continent, il n’y a pas de loi spécifiquement prise pour punir sévèrement ces actes. En effet, dans la plupart des pays africains, le phénomène de harcèlement n’est pas bien pris en compte par les législations nationales. Ce qui ouvre un boulevard aux auteurs qui jouent de leur position en toute tranquillité et sans crainte. Sûrs de la protection tacite de la loi, silencieuse par rapport à ce fait. En effet, l’absence de loi claire incriminant cette corruption sexuelle en milieux éducatifs semble leur profiter. De même qu’une absence de dénonciations de la part des victimes elles-mêmes. Des victimes qui craignent des représailles et des stigmatisations et qui ont honte. Un silence, une Omerta qui nourrit le crime et profite aux auteurs véreux, peu scrupuleux et libidineux.
Une législation forte et des sensibilisations directes
Dans nombre de pays africains, il n’existe pas de lois claires traitant du phénomène de la corruption sexuelle en milieux éducatifs. Mais il est clair que pour lutter contre ce fait qui se répand en Afrique, une législation forte est nécessaire. Une législation rigoureuse et sévère doit être prise et appliquée contre les auteurs de ces actes illégaux. Dans les quelques rares pays où une loi anti-corruption existe ( Loi 2016.020 au Sénégal), elles ne prennent pas en compte la corruption et le harcèlement sexuels en milieu scolaire.
En plus de combattre explicitement ce phénomène par la loi, il serait aussi judicieux de sensibiliser les enseignants et le public sur les graves conséquences de ces actes illégaux et instituer des organes de prises en charge et de prises de paroles des victimes afin qu’elles dénoncent leurs harceleurs et bourreaux.
Nana B.