Au Qatar, en Arabie saoudite, au Yémen ou encore au Liban, des dizaines voire des centaines de morts sont de plus en plus dénoncés. Des morts qui sont des travailleurs migrants venus d’Inde, Pakistan, du Sri Lanka, mais aussi d’Afrique Subsaharienne. Les Etats arabes du Golfe persique seraient-ils devenus des cimetières pour migrants ?
Selon des informations concordantes, plusieurs centaines d’ouvriers seraient morts dans le secteur du bâtiment au Qatar. Et cela, chaque année depuis que le pays s’est lancé dans la construction d’un gigantesque et immense projet baptisé ‘‘ Qatar 2030’’. Un projet dont l’élément phare est la Coupe du monde de 2022. Une coupe du monde dont l’attribution soulève encore des doutes quant aux conditions troubles dans lesquelles elle a été faite. Au même moment, en Arabie Saoudite ou au Yémen, ce sont des dizaines de migrants subsahariens qui sont morts dans des conditions faisant pieds de nez à tout respect des droits élémentaires humains.
Au Qatar, on se tue à la tâche pour une Coupe du monde
Pays le plus riche du monde mais aussi seul pays au monde où près de 90% de sa population est composée d’étrangers, le Qatar s’est en …lancé depuis dans un projet fou et gigantesque d’organiser la compétition la plus prestigieuse du monde; la Coupe du monde du football. Pour parvenir à son objectif, le pays a besoin de main d’œuvre. Des travailleurs. Dans ce pays où 90 % de la population est composée d’étrangers, cette main-d’œuvre est donc dévolue aux travailleurs immigrants venus essentiellement d’Inde, du Pakistan, du Népal, du Bangladesh et du Sri Lanka. Selon l’Organisation internationale du travail (OIT), ils seraient un million d’ouvriers – immigrés – engagés au Qatar pour construire des infrastructures hôtelières, neuf grands stades ultramodernes( des stades démontables qui ne serviront plus après la Coupe du monde), routes, transports publics, aéroport etc. Ils seraient aussi des milliers à mourir. En février 2021, le journal britannique The Guardian publiait une enquête qui révélait le nombre d’ouvriers migrants morts au Qatar depuis l’attribution de la Coupe du monde. Selon cette enquête, au moins 6500 travailleurs immigrés en provenance du tiers-monde sont décédés au Qatar depuis 2010. Ce bilan n’inclut pas les travailleurs immigrés venus du Kenya, des Philippines etc. Fait que le Qatar nie en bloc.
Mort de travailleurs kenyans en Arabie Saoudite
Un article intitulé ‘‘ Violences. En Arabie Saoudite, des travailleurs kényans meurent dans des circonstances troubles’’ publié le 29 Septembre 2021 par Le journal Courrier International, révèle que , selon un rapport présenté par le ministère des Affaires étrangères du Kenya devant un comité parlementaire le 23 septembre, en moins de deux ans, 89 kényans seraient morts en Arabie Saoudite des suites d’un ‘‘arrêt cardiaque’’. En début de ce mois de septembre, un quotidien kényan, The Standard, rapporte la mort d’une kényane du nom de Maximilia Muhadia, ‘‘frappée plusieurs fois à la tête avec un objet contondant » par son employeur saoudien.
Des témoignages d’autres kényans recueillis par le quotidien Nation montrent le vrai calvaire subi par ces travailleurs immigrants en Arabie Saoudite. “une nouvelle dimension” aux nombreux cas de violences à l’égard des travailleurs domestiques établis en Arabie Saoudite. Déjà en 2020, The Sunday Telegraph, un journal britannique, rapportait les conditions inhumaines et dégradantes dans les camps similaires aux camps d’esclaves libyens dans lesquels étaient détenus des milliers de migrants subsahariens. Ceci, dans le cadre de la lutte contre la propagation du coronavirus. En octobre 2020, Le Figaro publiait avec l’AFP un article dans lequel il révélait la ‘‘‘mort d’au moins trois morts en Arabie Saoudite dans des centres abritant des milliers de migrants éthiopiens, détenus dans des conditions d’une ‘‘ cruauté inimaginable’’ citant un rapport d’Amnesty International publié le 2 octobre 2020.
Des traitements d’un autre âge réservés aux africains
Les traitements réservés par l’Arabie Saoudite aux migrants subsahariens laissent à douter du bon respect des droits humains surtout quand il s’agit des africains. Toujours selon le journal britannique The Sunday Telegraph, « Les détenus gisaient torses nus en rangées serrées dans de petites pièces aux fenêtres grillagées », indique le journal.
Une photo montre ce qui semble être un cadavre enveloppé dans une couverture au milieu d’eux. Ils disent que c’est le corps d’un migrant qui est mort d’un coup de soleil et que les autres ont à peine assez de nourriture et d’eau pour survivre.
Une autre photo montre un jeune homme africain pendu à une grille de fenêtre. Détenu depuis avril, l’adolescent s’est suicidé après avoir perdu espoir, disent ses amis.
Les migrants, dont plusieurs affichent des cicatrices sur le dos, affirment être battus par des gardiens qui leur lancent des insultes raciales.
«C’est l’enfer ici. Nous sommes traités comme des animaux et battus tous les jours », a déclaré Abebe, un Éthiopien détenu dans l’un des centres depuis plus de quatre mois’’,
‘‘Le système judiciaire saoudien est une sorte de trou noir. Il n’y a pas beaucoup de transparence (….) le recours à la torture contre des prévenus est« relativement répandu » en Arabie saoudite, « particulièrement pour des travailleurs migrants »’’ selon Catriona Harris, une juriste de l’organisation anglaise Reprieve.
Morts de dizaines de migrants dans un incendie au Yémen
L’Arabie Saoudite ou le Qatar ne sont pas les seuls pays arabes du Golfe persique où des migrants africains dont beaucoup sont originaires de la Corne de l’Afrique sont maltraités, soumis à des conditions épouvantables, traumatisantes, sordides qui les exposent aux maladies et à la mort. Le Liban et le Yémen entre autres en font aussi partie.
En mars 2021, plusieurs dizaines de migrants sont morts au dans un incendie de leur camp à Sanaa, la capitale du Yémen. La majorité des migrants morts dans cet incendie, dont la responsabilité est reconnue par les rebelles Houthis, sont des éthiopiens. Des migrants venus de la Corne de l’Afrique qui, malgré la guerre au Yémen, tentent de rejoindre les pays du Golfe par ce chemin. Au péril de leur vie. A la recherche d’un bien-être que leur pays et leur continent pourtant immensément riche, rechignent de leur offrir.