Jusque-là, elles ne pouvaient occuper uniquement que des postes civils. Mais depuis ce 12 octobre 2021, treize ans après avoir été admises dans la police, les femmes koweïtiennes peuvent servir dans l’armée comme des officiers, des sous-officiers. Elles pourront aussi occuper des fonctions administratives selon une décision prise par le ministère de la Défense.
Au Koweït, les femmes pourront désormais faire partie des rangs de l’armée au côté des hommes comme des officiers et sous-officiers. Au même titre que leurs concitoyens hommes, elles peuvent participer à la défense et à la protection du territoire. Une révolution dans ce petit pays arabe du Moyen-Orient où les femmes jusque-là ne pouvaient et n’occupaient que des postes civils. Pour le vice-Premier ministre et ministre de la Défense du Koweït Hamad Jaber al-Ali al-Sabah, « L’heure est venue pour nous de donner aux femmes koweïtiennes la chance d’accéder à l’armée aux côtés des hommes ». Une avancée pour les droits de la femme, pour l’égalité des sexes mais aussi pour les femmes du Koweït qui ont déjà depuis 2005, le droit de vote et de se présenter à des élections. A l’opposé de nombres de pays arabes du Golfe, le petit pays de Koweït apparaît comme un pays jouissant d’une certaine ouverture politique avec le seul parlement élu dans la région.
Une ouverture déjà observée ailleurs
Si la présence des femmes aux côtés des hommes dans l’armée au Koweït est une chose inédite, elle n’est en réalité pas nouvelle dans cette région du Golfe. Déjà en 2012, le régime en place en Arabie Saoudite, royaume ultraconservateur très à cheval sur l’application rigoriste de l’islam, avait multiplié les décisions en faveur des femmes. Les femmes y sont autorisées à intégrer les forces armées du royaume. Une avancée même si les femmes recrutées ne pourront accéder qu’aux rangs de soldat de première classe, caporal, sergent et sergent-chef. Le Qatar quant à lui, avait donné aux femmes la possibilité de se porter volontaires pour le service militaire en 2018. Mais bien avant lui, les Emirats arabes unis avaient, en 2014, autorisé les femmes à entrer dans l’armée tandis que le Bahreïn et le sultanat d’Oman les avaient autorisées à intégrer l’armée depuis des années.
Vers une égalité des sexes au Koweït ?
L’égalité entre les sexes passe par une reconnaissance et une acceptation des droits reconnus à la femme. Au Koweït, le chemin reste encore parsemé de nombreux manquement au respect des droits humains et de la femme en particulier. A l’Examen Périodique Universelle de 2020, le Koweït avait rejeté certaines recommandations dont celle de garantir « la pleine égalité entre les hommes et les femmes », d’ériger la violence sexuelle et le viol conjugal en infractions pénales et de modifier les lois sur le statut personnel et la nationalité afin qu’elles ne soient plus discriminatoires à l’égard des femmes. En août 2020, une loi adoptée par le parlement, érige la violence domestique en infraction. Cette loi offre aussi aux victimes de ces violences, une meilleure protection et des services juridiques, médicaux et de réadaptation. Cependant, pas grand-chose n’a changé pour les femmes qui continuent de subir des discriminations dans la législation et dans la pratique. Pour exemple, l’article 153 du Code pénal du pays ne prévoie toujours qu’une simple amende pour le meurtre d’une femme si celui-ci est commis « pour des questions d’honneur ».
Papy C.