Anciennement appelé Swaziland, Eswatini est un petit État enclavé de l’Afrique australe dirigé d’une poigne de fer par le souverain Mswati III. Mais depuis quelques mois, de récurrentes manifestations pro-démocratie secouent la dernière monarchie absolue d’Afrique. Des manifestations violemment réprimées par l’armée.
Depuis des mois, le petit royaume d’Eswatini, dernière monarchie absolue sur le continent africain également connu sous le nom de Swaziland, est secoué par de récurrentes vagues de manifestations anti-monarchie sur fond de revendications en faveur de la démocratie. Hier mercredi, ces manifestations pro-démocratie ont encore éclaté dans le pays. Des coups de feu ont retenti dans la capitale Mbabane et ailleurs dans le pays faisant un mort et près de quatre-vingts blessés. Pour faire taire les manifestations, le dernier monarque d’Afrique que ses détracteurs qualifient de “tyran corrompu”, fait appel à l’armée et à la police qui ne font pas la dentelle pour venir à bout des manifestants, des jeunes pour la plupart.
Des violences contre les manifestants.
Les violences de ce mercredi ont commencé très tôt le matin. Vers 05h. Elles ont fait de nombreux blessés et une personne a été tuée. Les manifestations étaient dirigées contre le roi Mswati III accusé d’autoritarisme par la population qui lui reproche ses frasques et son train de vie jugé fastueux. A Eswatini, la population vit dans la pauvreté tandis que le roi et sa cour vivent dans l’opulence dans ce petit État enclavé de 1,3 million d’habitants de l’Afrique australe. Déjà en juin, les manifestations contre le régime ont conduit à l’instauration d’un couvre-feu, mardi 29 juin. Elles ont été violemment réprimées par l’armée. En juillet de cette même année, vingt-sept personnes ont été tuées dans des heurts lors des manifestations anti-monarchie. Contre les tirs à balles réelles ce mercredi, les manifestants ont répliqué avec des jets de pierre. L’armée déployée dans le pays assure le respect du couvre-feu imposé.
Un monarque autocrate et flambeur
A Eswatini, dernière monarchie absolue d’Afrique, la liberté d’expression est un luxe rare. Les manifestations sont rares dans ce petit Etat situé en Afrique australe. Mais depuis, plus rien ne va, entre le monarque et son peuple qui lui reproche ces nombreuses frasques et satrapes à n’en plus finir. En 2009, sa fortune est estimée à 200 millions de dollars. Sa passion pour les voitures de luxe est un secret de polichinelle à l’intérieur et à l’extérieur du pays. En 2004 et 2005, le monarque défraie la chronique par ses achats de voitures. Il aurait acheté pour lui et ses quinze épouses, vingt voitures de marque BMW série 5 et 7 de même qu’une Maybach équipée à 500 000 USD. A Eswatini, les partis politiques sont inexistants. Ils y sont interdits tout simplement depuis cinquante ans.
L’armée pour réprimer des manifestations de civils
Au micro de l’agence française de presse (AFP), Oscar Nkambule, le président du syndicat de fonctionnaires NAPSAWU a déclaré ce mercredi que « L’armée et la police ont tué une personne vers 15H 00 aujourd’hui ». Pour réprimer les manifestations de ce mercredi, l’armée et la police n’ont pas hésité à tirer des gaz lacrymogènes à l’intérieur d’un bus qui transportait des manifestants. Internet a été coupé dans le pays vers midi. Des soldats lourdement armés, ont été déployés en grand nombre ce mercredi dans la capitale Mbabane et à Manzini une ville commerciale et principal centre industriel du pays. Des soldats qui ont tiré à balles réelles et lancé des gaz lacrymogènes sur les manifestants qui réclament la démocratie. Mais à cela, le jeune roi pourra se targuer de ne pas être le seul ou premier dirigeant d’un pays africain à faire appel à l’armée pour massacrer d’innocents civils qui manifestent dans la rue contre lui.
Dans ce pays pauvre et enclavé où les deux tiers de la population vivent sous le seuil de pauvreté, les frasques du souverain à 15 épouses et plus de 25 enfants, nourrissent et alimentent des protestations qui couvaient en silence depuis des lustres. Depuis quelques mois, elles remontent en surface. Parviendra-t-il à garder encore longtemps le trône hérité à la mort de son père, Shobuza II, en 1982 et dont il prendra officiellement les commandes en 1986 alors qu’il n’était âgé que dix-huit ans ? Un trône qu’il gère depuis d’une poigne de fer et qui est aujourd’hui plus que jamais sérieusement menacé.